Exercice inédit : la Préfète réquisitionne l’Armée face à une menace terroriste

Comment l’État dans les Hautes-Alpes réagirait en cas de menace terroriste imminente ? Bien qu’aucune menace ne soit actuellement identifiée, la question est jugée essentielle par la préfète des Hautes-Alpes, Cécile BIGOT-DEKEYZER, puisque le territoire national est toujours placé en vigilance Vigipirate « Sécurité renforcée Risque Attentat ».
Dans ce contexte, un exercice inédit d’une ampleur jamais réalisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur a été mené ce mardi 23 et mercredi 24 octobre 2018.
Dès ce mardi matin, les services de la sécurité intérieure ont informé le corps préfectoral de menaces sérieuses et imminentes, concernant une possible action malveillante autour des voies de chemin de fer sur le secteur de Gap et de Veynes. Une menace qui s’est confirmée d’heure en heure. C’est alors que la préfète des Hautes-Alpes, Cécile BIGOT-DEKEYZER, a réquisitionné des forces armées. Une mesure exceptionnelle et qui a été testée pour la première fois en France.
Ainsi, 68 militaires du 21ème Régiment d’infanterie de Marine basé à Fréjus, mais en entraînement dans les Alpes de Haute-Provence, ont été déployés vers 21h30 ce mardi entre Gap et Veynes. Cette décision a été motivée avant tout pour assurer une surveillance continue du réseau ferroviaire, sans pour autant sur-mobiliser les forces de l’ordre départementales, gendarmes notamment, dont l’activité quotidienne est déjà intense.
Une coopération inédite
C’est alors que s’est enclenchée une collaboration entre les autorités civiles (préfecture) et les autorités militaires (armée) peu habituées à travailler ensemble, tout comme l’autorité judiciaire avec les Armées. Une coopération de plus en plus envisagée depuis les attentats de 2015, alors que l’Armée française est de plus en plus mobilisée sur le territoire national. L’objectif de l’exercice mené dans les Hautes-Alpes était donc de pouvoir tester cette association nouvelle, en renforçant l’action des forces de sécurité intérieure grâce au soutien militaire des armées.
Dans les faits, et dans le cadre du scénario mis en place par le Commandement Terre pour le Territoire National (COM TN), cette mission de surveillance ordonnée par la préfète des Hautes-Alpes au 21ème RIMa a permis un contrôle 24h/24 du secteur ferroviaire Veynes-Gap et l’interpellation de 8 individus suspects. Des personnes remises immédiatement à la Gendarmerie Nationale en charge des enquêtes, qui ont donné lieu par la suite à des perquisitions à Gap notamment.
Un attentat simulé
Malgré cette mission de surveillance, et parce que l’exercice se devait d’être complet, un attentat a tout de même eu lieu ce mercredi 24 octobre 2018. À 18h, un témoin a alerté les gendarmes après avoir entendu une explosion en gare de Veynes. Il a indiqué avoir aperçu de la fumée sortir de la rame. C’est alors que toute la chaîne d’alerte et de commandement s’est mise en marche.
La Gendarmerie Nationale a été la première à intervenir sur les lieux, avec la mission essentielle de sécuriser la zone, afin de s’assurer qu’aucun risque de sur-attentat ne soit possible. Dans le même temps, la préfète des Hautes-Alpes, Cécile BIGOT-DEKEYZER, a décidé d’activer le Centre Opérationnel Départemental (COD) qui permet de réunir en préfecture les représentants de tous les services impliqués dans la gestion de la crise.
Les sapeurs-pompiers, mais aussi le SAMU et la Protection Civile ont été rapidement appelés sur les lieux. Une vingtaine de victimes fut annoncée dès les premières minutes. La préfète des Hautes-Alpes a alors décidé alors d’activer également la Cellule d’Information au Public. Des opérateurs ont été appelés en préfecture pour répondre à un numéro vert permettant aux familles d’être informées de la situation de leurs proches.
Sur place, des postes de commandement avancés sont déployés, tout comme des lieux de rassemblement des victimes.
Une coordination essentielle
Cécile BIGOT-DEKEYZER, préfète des Hautes-Alpes, s’est rendue rapidement sur les lieux de l’attentat. Elle est responsable de la coordination entre les forces de sécurité intérieure, les forces de secours, les opérateurs médicaux et est en lien régulier avec l’autorité judiciaire. Particularité de cet exercice, la préfète avait également à coordonner l’action des militaires du 21ème Régiment d’infanterie de Marine.
Ce sont au total plus de 300 personnes qui ont été mobilisés, avec 25 agents de la Préfecture, près de 80 sapeurs-pompiers, 70 militaires, 40 gendarmes, mais aussi la Police Nationale, le SAMU, le Parquet, l’ARS, la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, la SNCF, sans oublier l’Institut de Formation en Soins Infirmiers de Gap qui a joué les victimes de cet acte terroriste simulé.
Un entraînement indispensable
Parce qu’aucune zone du territoire national n’est à l’abri d’un acte terroriste et que quels que soient les moyens humains et matériels des forces de sécurité intérieure et de secours sur un département comme les Hautes-Alpes, les services de l’État doivent être prêts à pouvoir agir et intervenir.
C’est pourquoi, il était important de pouvoir tester pour la première fois la réquisition des forces armées par l’autorité civile, en l’occurrence la préfète des Hautes-Alpes et il était nécessaire d’apprendre à travailler ensemble, tous les services concernés par une telle situation de crise. C’est pourquoi cet exercice a été menée et qu’un retour d’expériences sera organisé dans les prochains jours, pour que cet exercice améliore demain la gestion des crises par tous les acteurs.
Aller plus loin :
Pour en savoir plus sur la chaine d’alerte, celle de commandement et les différents plans et dispositifs activables,
téléchargez le dossier de presse. (format pdf - 5.3 Mo - 25/10/2018)