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Les lacs d’altitude, témoins du réchauffement climatique

 

L’Agence française pour la biodiversité a initié la mise en place d’un réseau de suivi thermique des lacs français.

Exemple de manipulations dans les Hautes-Alpes :

En septembre 2018, après avoir travaillé quelques jours plus tôt sur le lac de Malrif (2580 m), les agents du pôle Recherche et Développement AFB-Irstea d’Aix-en-Provence et du service départemental AFB des Hautes-Alpes se préparent à rejoindre le lac Pavé situé à 2841 m d’altitude. Ils vont mettre six heures pour le rallier, lestés par de lourds sacs à dos contenant les matériels destinés aux manipulations techniques.

  • Un dispositif technique pointu

Une fois sur place, ils procèdent à la récupération/réinitialisation du dispositif de capteurs thermiques (présents sur toute la colonne d’eau, de la surface jusqu’au fond) mis en place sur le lac à partir de 2013. Cette année, un capteur de pression a été ajouté sur le dispositif de thermie afin d’affiner la précision des mesures et faciliter l’exploitation des résultats. Il permettra d’obtenir des indications sur les périodes d’englacement et de dégel.
En parallèle, des mesures de la pression partielle du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) et de l’oxygène (02) ont été réalisées dans la colonne d’eau à l’aplomb de la zone la plus profonde et sur les zones littorales.
Les résultats issus de ces suivis viendront renforcer les résultats obtenus lors de la première phase de déploiement du protocole qui a eu lieu au cours des étés 2017 et 2018 sur 35 lacs (naturels et artificiels).

  • Des lacs utilisés comme marqueurs du changement climatique

Préservés vis-à-vis de l’activité humaine, les lacs d’altitude restent tout de même exposés et sensibles aux changements globaux tels que le réchauffement climatique et les circulations atmosphériques de composés d’origine anthropique.
À ce titre, le lac du Pavé s’avère particulièrement intéressant puisqu’il s’agit d’un lac très récent dont l’existence est liée à la fonte des glaciers et dont l’évolution sera fortement soumise aux changements climatiques en cours. Il a donc été sélectionné pour intégrer le réseau national de suivi thermique.

  • Un suivi qui est le fruit d’une étroite coopération

L’agence française pour la biodiversité a initié depuis 2009 la mise en place d’un réseau national de suivi thermique des lacs français. Parallèlement, les scientifiques et les gestionnaires du massif alpin se sont associés pour créer un réseau collaboratif de suivi des lacs d’altitude dénommé « Lacs Sentinelles ». C’est dans ce contexte que l’AFB, son pôle Recherche et Développement (R&D) AFB-Irstea d’Aix-en-Provence et les acteurs du réseau Lacs Sentinelles (en particulier le Parc national des Ecrins et l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale) collaborent pour assurer le suivi thermique et biologique (zooplancton et phytoplancton) du Lac du Pavé.

Ce réseau de suivi haute fréquence a vocation à être déployé sur une longue période (plus de 10 ans) et devrait permettre aux scientifiques et aux gestionnaires de mieux comprendre les effets du changement climatique sur les milieux aquatiques et la biodiversité, et d’évaluer les trajectoires les plus probables de ces écosystèmes de grande valeur. En fonction des résultats, les mesures de gestion les plus adaptées pourront être envisagées.