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Syndicat Mixte des Stations de Montagne du Queyras - Création du téléski de la Brune et pistes associées - Autorisation de défrichement - Synthèse de la consultation du public
I. Synthèse des avis exprimés :
Le dossier du projet de téléski de la Brune et de ses pistes associées a fait l’objet d’une consultation du public par voie électronique sur le site de la préfecture du 14/03/2022 au 12/04/2022 : 82 personnes ont consulté le site dont 17 ont apporté une contribution écrite.
Beaucoup de contributions relèvent d’appréciations d’ordre économique, énergétique ou autres qui ne relèvent pas du champ de compétence de la procédure de défrichement ni des enjeux environnementaux strictes relatifs à la procédure en cours. Par souci de transparence, ces avis sont toutefois résumés ci-dessous.
Certains avis sont très favorables à ce projet, d’autres sont opposés pour des motifs variés et divers avis concernent plutôt des demandes de précisions ou apportent des informations à prendre en compte, le cas échéant.
La synthèse de ces contributions est la suivante :
A) Avis favorables (4 contributions) :
- Les principaux arguments mis en avant porte sur le besoin d’investissements pour permettre à la station de se maintenir, voire de se développer pour faire vivre le tissu économique, et notamment ses commerces.
Il est fait état d’un bénéfice pour l’environnement en remplaçant cette navette actuelle polluante par un nouveau téléski.
Nécessité d’investir encore plus dans les stations des Hautes Alpes et surtout du Queyras pour améliorer leur renommée. Les télésièges du Queyras devraient ouvrir durant la saison estivale pour attirer un nouveau public et accélérer la rentabilité des appareils. »
B) Avis négatifs (7 contributions) :
Les avis exprimés sont :
- Ce projet va augmenter la fréquentation du site, alors que l’accès routier au hameau du Roux depuis Abriès mériterait d’être pris en compte en priorité.
Le Queyras doit jouer la carte de « destination nature » et ne pas chercher à imiter les stations des Alpes du Nord.
Projet obsolète dont le bilan carbone est mal développé (5 ha de défrichement non intégré au bilan carbone, consommation des dameuses sous-évaluée et consommation de la navette sur-évaluée).
Gaspillage d’argent dans un contexte de déficit en neige. Le tourisme du Haut Guil n’est pas basé sur le développement du ski alpin… mais la réalisation de trois télésièges pour permettre aux piétons d’accéder aux sommets serait plus judicieux qu’un téléski.
Opposition à ce projet de téléski et préférence pour une navette électrique pour réduire l’impact écologique. Il serait plus opportun de sécuriser le fonctionnement des 3 téléskis existants (vétustes) au lieu d’investir dans un nouvel appareil.
Préférence pour dynamiser et réinvestir sur le domaine d’Aiguilles considéré comme étant plus central.
Prévoir des mesures de compensation ne justifie pas le fait de dégrader la forêt et il serait temps de penser à la reconversion de ces stations de ski dont les appareils tombent en panne régulièrement.
Fort intérêt écologique des terrains concernés par les travaux avec présence avérée de nombreuses espèces protégées, mais relevant des lacunes dans l’inventaire de ces espèces qui aurait dû être mené durant une année complète pour avoir une vision la plus exhaustive possible des différents groupes d’espèces (reptiles, batraciens, papillons, chiroptères). Ces inventaires complémentaires sont un préalable incontournable à l’instruction d’une demande de dérogation au régime de protection des espèces. Cette analyse doit être menée avant la délivrance des différentes autorisations. L’autorisation de défrichement ne peut être délivrée dans ces conditions.
L’analyse du bilan carbone de ce projet est absente, déséquilibrée au profit de l’actuel projet ou erronée. La consommation des dameuses sur les nouvelles pistes et ce nouveau téléski est sous-évaluée, et à mettre en relation directe avec le coût de fonctionnement de l’actuelle navette. Le bilan énergétique devrait être plus rigoureux et objectif et mieux tenir compte de la vulnérabilité du projet au changement climatique. L’éventualité d’un enneigement artificiel du secteur a été négligée et non étudiée au regard notamment de la disponibilité en eau et des coûts d’exploitation. Ce projet est en totale contradiction avec les objectifs des accords de Paris sur le climat. La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient aux changements climatiques.
De plus en plus de personnes émettent une opinion négative vis-à-vis du ski en raison d’une trop forte consommation énergétique et en eau. Une envie d’espaces sauvages s’exprime en parallèle, dont le Queyras possède un nombre important d’atouts. Il est préférable de conserver les équipements existants sans en créer de nouveaux, y compris en conservant l’actuelle navette, sans impacter la forêt.
C) Questions, demande de précisions ou apport d‘informations supplémentaires par le public (6 contributions) :
La suppression d’une navette utilisant des énergies fossiles et un nouveau téléski serait positive à condition d’alimenter le futur appareil par des panneaux photo-voltaïques.
Une demande concerne la remise en état du chemin qui va du pont de la Brune au cimetière du Roux pour faciliter l’accès des skieurs du Roux à la piste de Valpreveyre et inversement.
Concernant l’agriculture, l’impact des travaux portera sur une surface plus importante que sur la seule surface défrichée et nécessitera des équipements dont l’investissement semble sous-estimé (ou pas évalué). L’accès à certains points d’eau pourra également être perturbé par ces travaux. Les contraintes agricoles mériteraient d’être mieux évaluées dans le cadre d’une concertation avant et pendant le chantier.
Il est signalé que ces travaux vont contraindre l’accès à certains itinéraires de randonnée très prisés en période estivale et que le phasage précis des travaux mériterait d’être mieux expliqué. Des itinéraires alternatifs devraient être proposés en phase chantier.
Le projet prévoit de supprimer une voie de circulation en période hivernale au niveau du virage de la RD 441 située sous le Roux à l’arrivée de la piste de Valpreveyre de nature à compliquer la viabilité et le déneigement de la route. Il est également craint une escalade de travaux futurs pour permettre l’enneigement artificiel de ces nouvelles pistes et notamment pour la piste de liaison au téléski de Ruibon qui déneige très rapidement. Enfin des canalisations d’eau faiblement enfouies sont signalées au pied de l’actuelle piste de la Brune et au niveau de l’usine à neige de la station.
II. Prise en compte des différentes contributions :
Seuls les points en lien avec la réglementation du défrichement et avec la séquence Evitement Réduction Compensation (ERC) du code de l’Environnement appliquée à la biodiversité sont à considérer dans le cadre de la présente procédure. Pour autant, tous les avis ont été portés à la connaissance du pétitionnaire.
Le maître d’ouvrage a apporté un certain nombre de réponses à la DDT le 02/06/2022 aux principales remarques du public sur le volet naturel. Cette première réponse a été complétée le 30/06/2022 par le complément des inventaires réalisés par le bureau d’étude Equinoxe Environnement (Addendum à l’étude d’impact – juin 2022) répondant ainsi à la remarque de l’autorité environnementale du 07 septembre 2021 liée à une insuffisance d’inventaires dans l’étude d’impact initiale.
En résumé, ces inventaires complémentaires permettent de couvrir les 4 saisons et contribuent à identifier quelques nouvelles espèces :
de flore notamment dans les secteurs de zones humides (ZH), dont une de protection régionale. Toutefois l’évitement des ZH sera mis en place et l’impact résiduel sera nul.
de papillons : Apollon observé sur site à proximité de la zone de travaux, mais l’impact résiduel est jugé nul à négligeable après mesure d’évitement et mise en défens des plantes hôtes, et suivi environnemental du chantier.
de mammifère : nouvellement observé, le blaireau, espèce non protégée.
aucune nouvelle espèce avifaune identifiée
A noter également que l’Association Foncière Pastorale d’Abriès sollicitée par le Syndicat Mixte des Stations du Queyras a apporté une précision permettant d’organiser le chantier de telle sorte à minimiser l’impact sur le pâturage bovin. L ‘AFP s’engage par la même à respecter les mises en défends nécessaires pour favoriser la revégétalisation des zones terrassées.
Considérant les éléments nouveaux apportés par le maître d’ouvrage, les réserves identifiées en phase d’instruction et de consultation du public peuvent être levées. Certaines mesures seront intégrées dans l’arrêté préfectoral autorisant le défrichement et portant les mesures environnementales.
III. Conclusion :
La synthèse de cette consultation est déposée sur le site de la préfecture permettant ainsi de clore l’information du public.
Le maître d’ouvrage a apporté les informations suffisantes pour garantir une bonne prise en compte des enjeux environnementaux et permettre de prendre l’autorisation de défrichement.